Apéro ciné
Cet entre parenthèses
Latence
Mouvance
Puis, le temps soudain est comme en suspends
La nuit tombe
Les lumières du bistrot s’éclairent
A l’heure de l’apéro
Calée dans ce canapé
De velours lie de vin
Je suis bien, là, dans l’instant.
Je bois à petites gorgées
Un ballon de rouge.
Elle sera bientôt là
Une sonnerie m’extirpe de ma rêverie.
Autour de moi,
Les tablées se sont remplies
De filles, et de femmes
Brunes, argentées, châtains, grises,
Blondes, rousses
Je saisis des bribes de conversation, à la volée
Ici et là.
Le parquet est flanqué
De larges lattes, façon maison,
Qui sent bon.
Les tartines pointent leur nez,
Agrémentées
De rouge, de blanc ou de blonde couleur de houblon.
Les confidences filent, et se dévident.
Un homme se dandine debout, en pied de grue
Pressé d’assouvir un besoin naturel
Une légère tension flotte à l’instant
Une séance va débuter
Tout à côté…
Le bistrot continue de bruisser
Au rythme des tintements de verres sur le zinc.
Là, le ton est empreint de gravité
« Si je décidais d’arrêter… »
Arrêter quoi au fond ?
La réponse se perd dans l’atmosphère
« C’est surtout pour les champignons
que j’ai pris la salade »
« Une mousse ? »
« Non, plutôt un bon verre de vin »
« Je prendrais un Beaumes de Venise…
Ca y est, je me suis évadée vers le Ponte Rialto !
Beaumes de Venise, les Dentelles de Montmirail
Du soupirail
Parvient un air frisquet.
« Une tapenade verte/Brie »
Toutes les tables sont maintenant occupées.
Le brouhaha gronde
Une nouvelle gorgée,
Elle n’est toujours pas là
Ca y est, je la vois.
« Je ne revivrais pas avec un homme au quotidien,
Vivre ensemble, ça tue »
Ca résonne comme une déflagration
Un rosé, un rouge
Les commandes se succèdent,
Le temps d’attente s’allonge,
Le film va commencer.